« Seule la paresse fatigue le cerveau. »
Louis Pawels (Lefigaro.fr/citations)
« Un cerveau bien soigné ne se fatigue jamais. »
Jules Renard (Lefigaro.fr/citations)
J’ai la chance d’avoir une amie orthopédagogue qui m’aide énormément !
Une ortho… quoi ?
Ah oui c’est vrai, ce métier est malheureusement très peu répandu en France, contrairement au Canada et à la Belgique. Et pourtant… il gagne vraiment à être connu !
J’ai donc interviewé mon amie et elle va nous expliquer en quoi consiste son travail. En piste Adeline ! 😉
Toi
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Adeline Colson, j’ai 32 ans, je suis mariée et j’ai 3 enfants. J’habite à Saint Romain de Lerps, un ville proche de Valence.
Nous rénovons en famille une ancienne ferme ardéchoise depuis 4 ans maintenant.
Quel est ton parcours professionnel ?
A l’école, j’étais très bonne élève mais je travaillais beaucoup en m’appliquant à suivre les méthodes d’apprentissages de l’école. Pour ne parler que de mes études supérieures, j’ai fait 2 ans de PREPA PCSI/PC (Physique-Chimie) à Dijon, L3 SPC (Physique-Chimie) à Lyon (pour être avec mon chéri😁) préparation au CAPES et Agrégation de Physique-Chimie.
En tant que professeur de Physique-Chimie, j’ai fait plusieurs établissements : collèges et lycées autour de Lyon, ce qui m’a permis d’affiner ma pratique.
J’ai commencé au collège, avec plusieurs classes de 4e ! Et oui en SPC (Sciences Physique-Chimie) on peut avoir jusqu’à 10 classes… c’est à dire environ 300 élèves !!!
La 4e : le niveau que personne ne veut car synonyme de grands bouleversements hormonaux, problèmes d’ados etc… Perso, j’ai adoré !!! C’était mon niveau préféré !!
J’ai eu la chance de les accompagner dans leur questionnement, leur prise d’autonomie et leur progression. Au début ça n’a pas été évident. L’adolescence… pour les enfants… tout change : leur corps, leur relation aux autres, à eux-mêmes, ils se cherchent ! C’est dur aussi vis-à-vis des parents qui sont perdus. Mon approche première (comme on ne me l’avait que partiellement appris) tout en CONTRÔLE s’est avérée efficace pour éviter les débordements, mais les pauvres c’était le service militaire ! Enfin au début, car heureusement le naturel a repris le dessus ! Ils m’ont même imité en fin d’année ! J’en ai encore un souvenir mémorable !
Puis le lycée, on demande aux élèves de l’autonomie, de la responsabilisation. Les notions en elles-mêmes sont bien sûr plus poussées et intellectuellement plus riches pour les profs aussi 😉. Je considérais mes élèves comme des « pré-adultes » ! Et j’étais très exigeante pour les pousser au meilleur, tout en leur laissant beaucoup de liberté pour évoluer à leur rythme.
Cependant, ce lien et cette utilité que j’avais trouvé avec mes collégiens (être un soutien, un pilier, les aider et le bonheur de les voir grandir et évoluer) était moins fort ! L’écrémage avait été fait à l’entrée de la 2nd donc moins d’élèves en difficultés. Je me suis alors rendue compte que mes priorités avaient évoluées.
Ce n’était plus la matière en elle-même qui m’intéressait mais la manière d’aborder l’apprentissage : tu ne peux pas apprendre si tu ne sais pas qui tu es, si tu ne donnes pas de sens à l’école, si tu n’es pas bien dans ta tête et dans tes baskets !
De cette façon, je retournai au collège avec une approche toute différente !
Même si mon but était toujours de faire aimer ma matière et de faire progresser mes élèves d’où qu’ils partent ! Et surtout de n’en laisser aucun sur le bord du chemin !

Pourquoi t’es tu dirigé vers la formation d’Orthopédagogue ?
En cherchant des solutions pour ces élèves en difficultés .
Un été, en préparant mes cours, je me suis dit : en fait la première chose que je demande à mes élèves c’est d’apprendre une leçon, mais est-ce qu’ils savent apprendre ?
En tant que prof de collège ou de lycée on se dit forcément que les enseignants des classes inférieures leurs ont déjà dit comment faire. Ça fait des années qu’on demande à ses élèves d’apprendre des leçons, on leur a forcément déjà appris à apprendre !
Mais en fait NON !
Donc ça m’a posé un vrai soucis, et je me suis rendue compte que :
- beaucoup d’enfants ne savent pas apprendre,
- qu’ils n’apprennent pas tous de la même façon.
Et il y avait quelque chose là dessous qui m’intéressait beaucoup.
Au delà de ça, je pensais aussi à tous ces élèves en difficulté : pour moi c’était de l’injustice de les laisser sans aide. Pour pouvoir boucler le programme, on doit avancer, mais que faire de ceux qui ne vont pas au même rythme ? Pour quelles raisons ont-ils des difficultés ? D’où cela vient-il ? Comment les aider ?
J’ai donc fait des recherches sur internet sur le sujet de l’apprentissage et j’ai trouvé une formation sur l’orthopédagogie de 3 jours avec l’IFO (Institut Français d’Orthopédagogie) qui était très intéressante mais qui m’a laissé sur ma faim ! Durant ces 3 jours on a eu beaucoup de théorie mais peu de choses transposables à la classe. J’ai été déçue mais je n’ai pas renoncé.
J’ai trouvé le site de l’UOF (Union des Orthopédagogues de France) où je me suis inscrite et cela fait maintenant 1 an et demi que je me forme au métier d’orthopédagogue. Cette formation est très intéressante déjà pour se connaitre soi, savoir comment on fonctionne, puis connaitre les différents spécialistes qui interviennent autour des enfants en difficulté d’apprentissage, connaitre les différents troubles et savoir les détecter.
L’ORTHOPÉDAGOGIE

Peux-tu nous expliquer en quoi le métier d’orthopédagogue consiste ?
C’est un métier qui existe depuis une quarantaine d’années au Canada, en Belgique et dans d’autres pays nordiques !
L’orthopédagogue est comme un « médecin généraliste des apprentissages » (Anick Pelletier). Il accompagne des apprenants dans leurs apprentissages et remédie via les fonctions exécutives (inhibition, régulation émotionnelle, activation, mémoire de travail, flexibilité et planification).
- Pour les enfants et les jeunes en difficultés et/ou en troubles des apprentissages à l’école, et en prévention aussi.
- Pour les adultes : en reconversion professionnelle, reprise d’études, problème d’organisation.
- Pour les personnes âgées : maintien des fonctions exécutives.
Mes séances :
- Apprendre comment fonctionne mon cerveau et les conditions favorables pour un bon apprentissage (sommeil, alimentation, écrans, émotions, attention).
- Comprendre comment j’apprends et trouver des solutions facilitatrices (outils visuels : sketchnoting, mind mapping).
- Travailler sur les fonctions exécutives précédemment citées selon les besoins et les tester avec des jeux de société par exemple.
- Guider les parents dans leur rôle décisif.
- Faire le lien entre les parents, les enseignants et les professionnels de santé qui interviennent auprès de l’enfant afin de tous aller dans la même direction.
- Détecter la provenance des difficultés et orienter vers des spécialistes pour faire un bilan et mettre en place des aménagements en classe.
L’orthopédagogie s’adresse donc aux personnes souffrant de troubles c’est à dire des difficultés durables (DYS, TDA/H)), ou en inadaptation au système scolaire (HP en souffrance scolaire), ou encore en difficulté passagère.
Sur ma page Facebook Itineuro Orthopédagogue je partage des articles pouvant aider des personnes en difficultés, des parents en questionnement, etc.
Il y a également mon site internet : Itineuro sur lequel on retrouve toutes les informations sur l’orthopédagogie et où l’on peut me contacter.
Je reprend le micro !😄
Alors, c’est plus clair pour toi maintenant ? Tu as compris ce que c’est que l’orthopédagogie ?
Si tu souhaites prendre contact avec un orthopédagogue mais que tu ne sais pas où chercher, pas de soucis : tu peux trouver les orthopédagogues diplômés ICI. Tu peux aussi contacter l’UOF pour connaitre les Orthopédagogues de ta région, parce que oui… ils sont encore très peu nombreux en France ! D’ailleurs, Adeline ne fait partie que de la 2e promotion de formation française !! Ceci explique cela…
Et au fait : MERCI beaucoup Adeline !!! 😘

Ce sujet te plait/ te parle ? Adeline reviendra bientôt sous le feu des projecteurs pour nous parler des différents troubles des apprentissages. 😉
En attendant je te fais des bisous pédagogiques et je te dis à bientôt !
Céline.
Coucou. Merci pour cette interview ! Avec elle j’ai découvert ce métier que je ne connaissais pas ! Et pourtant je suis intéressée par ce domaine (ancienne étudiante en psycho puis en sciences cognitives, je suis maintenant enseignant chercheur en psycho et je forme essentiellement les futurs profs, donc tout ce qui touche au « apprendre à apprendre » me plaît, aussi bien au niveau des fonctions exécutives que du bien être à l’école…) Donc je trouve ça chouette que des formations et des professionnels de ce genre arrivent en France ! Va falloir que j’aille me renseigner un peu plus pour pouvoir en parler à mes étudiants 😉
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Coucou, contente que ça te plaise ! Effectivement vous travaillez, elle et toi, dans le même milieu 🙂 et comme tu dis c’est bien que de tels professionnels arrive en France ! Il y a une telle injustice dans notre pays face aux difficultés d’apprentissage… Moi-même j’aurai bien aimé qu’on me dise, petite, que je n’étais pas bête mais que j’avais (et ai toujours😉) juste une manière différente d’apprendre…
Il y a tellement d’enfants en échec scolaire et d’adulte mal dans leur peau, et je pense vraiment que ce métier fait partie de la réponse à leur fournir !
En tout cas merci beaucoup pour ton commentaire !
Bises
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Merci, c’était très instructif !
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Avec plaisir ! 😉
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Merci infiniment pour cet article très instructif. Je n’avais jamais entendu ce mot, comme tu t’en doutais. Pourtant, en apprenant de quoi il s’agit, j’ai l’impression que tout le monde devrait le connaitre, surtout les professeurs. Voilà une des raisons pour lesquelles le système scolaire est compliqué et mal fait pour un tas de gens. Avec, ne serait-ce qu’une petite formation pour chaque professeur à ce sujet, je suis sûre qu’il y aurait beaucoup de progrès. Bon il faut avouer qu’Adeline a l’air d’être la prof rêvée et idéale. C’est à dire une professeur qui est là réellement pour ses élèves, pour les faire avancer, évoluer, et non pas uniquement pour leur donner des leçons. Parce que, malheureusement, c’est le cas pour beaucoup… Et donc maintenant, elle continue d’enseigner la physique-chimie ou bien elle se concentre uniquement sur l’orthopédagogie avec des cas particuliers ?
Merci encore ! <3<3
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coucou, merci pour ton commentaire 😘
C’est clair que ça éviterai beaucoup de cas d’échec scolaire… et de souffrance !
Adeline ne donne plus de cours de physique-chimie et se consacre uniquement à son métier d’orthopédagogue, qu’elle fait admirablement bien d’ailleurs ! (non… je ne fayote pas ! 😅😂)
Gros bisous Justine !!! ❤
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